Améliorer le climat scolaire

Pédagogies, Collection dirigée par Philippe Meirieu

« Loin d’être anecdotique et de constituer un « supplément d’âme », la question du climat scolaire est fondamentale pour l’avenir de l’Ecole : non seulement, elle conditionne la qualité des apprentissages, mais elle est aussi au cœur de la formation des citoyens de demain. Il ne s’agit pas, en effet, d’abandonner béatement toute exigence pour que les élèves soient simplement « heureux à l’école »… il s’agit de construire un cadre permettant à toutes et tous de comprendre ce qu’est « faire société ». En renforçant, tout à la fois, la confiance en soi et le respect de l’altérité…. Le défi est immense et fondamental. Pour le relever les enseignantes et les enseignants ont besoin de repères théoriques et d’outils de travail, de grilles de lecture et de perspectives d’action. C’est précisément ce que propose cet ouvrage. Il s’attache à décrire les conditions nécessaires à la création d’une école sereine et studieuse, conjuguant cohérence et cohésion, orientation commune vers des objectifs assumés et relations authentiques entre les personnes ».

Philippe Meirieu

Bruno Humbeeck, psychopédagogue et auteur de nombreuses publications dans le domaine de la prévention des violences scolaires et familiales, de la maltraitance, de la toxicomanie et de la prise en charge des personnes en rupture psychosociale et/ou familiale

L’ école vient d’être traversée par une crise émotionnelle inédite. La pandémie, en la frappant de plein fouet, a démontré comment une institution pouvait, elle aussi, être littéralement affectée par ce qui lui était donné à vivre. Loin d’être ce bloc monolithique imperturbable qui fait front sans frémir et se tient debout face à la bourrasque sans broncher, elle a, au contraire, donné l’image d’une structure sensible aux événements, modulable en fonction des circonstances et constituée d’acteurs dont les émotions, évidemment changeantes, en influencent le fonctionnement.

Cette institution scolaire sensible à ce qu’elle vit, affectée par ce qu’elle subit et modulée par les états d’âme de ceux qui la composent, c’est précisément celle que Nicolas Roubaud et Érik Dusart se proposent de mettre en scène dans ce livre essentiel. En abordant le thème du climat scolaire au moment même où l’école est confrontée à un avis de tempête généralisé, ils ne pouvaient mieux faire dans la mesure où il n’est plus seulement question, de nos jours, de répondre à la nécessité structurelle de mettre en place les conditions d’un climat d’apprentissage serein mais il s’agit aussi de faire face à l’urgence conjoncturelle qui se manifeste au sein d’une structure fondamentale de notre société qui, lorsque celle-ci tremble sur ses bases en raison de l’omniprésence d’un virus, ne se sent à l’abri de rien.

L’école envisagée comme une structure affective dotée d’un climat variable : voilà donc le décor posé. Reste à y faire entrer les acteurs… Les directeurs d’école, les enseignants et les élèves ne sont évidemment pas décrits dans ce livre comme les composants neutres d’un système froid. Eux aussi ont leur « climat intérieur » et il faudra évidemment en tenir compte lorsqu’il sera question de se donner les moyens concrets d’agir sur l’atmosphère affective de l’école, de ses salles de prof, de sa cour de récréation et de ses classes. Car c’est bien de cela dont il s’agit et c’est cela la force du livre. Il ne s’agit pas seulement d’analyser, d’observer et de comprendre comment vit une école et ce qui s’y vit, mais il est surtout question de se donner les moyens d’agir sur la manière dont ses acteurs vivent l’école et ce qu’ils y vivent. C’est pour cela que ce livre gagne à être lu par tous ceux qui composent l’école.

À travers cette lecture, il ne sera pas seulement question pour eux d’apprendre à regarder passivement le baromètre pour se résigner à accepter le temps qu’il fait, mais il s’agira au contraire de devenir des acteurs responsables de l’école, capables d’en améliorer le climat en agissant à la fois sur la manière dont ils fonctionnent en tant qu’individus et en tant que groupes.

Pour cela, il sera évidemment beaucoup question d’intelligence émotionnelle et d’intelligence collective. Comment travailler ensemble ? Comment améliorer les climats de classe ? Par quels moyens concrets est-il possible de construire le « vivre-ensemble » ? Comment réaliser un projet d’école mobilisateur en donnant à chacun le sentiment d’y participer ? Bref, comment mettre en place les conditions « météo » qui laissent à tous l’impression d’un temps suffisamment « beau » pour inciter à apprendre et pour inviter à enseigner.

Envisagée dans cette perspective, chaque page du livre devient alors une invitation à hisser les voiles pour qu’une direction satisfaite, des professeurs épanouis et des élèves heureux prennent place à bord de ce bateau scolaire qui, à l’abri des tempêtes, se met alors en position d’avancer sans mouvement brusque dans la direction qu’il s’est fixée… Un tel ouvrage se lit alors comme un plan de pilotage qui permet de tenir le gouvernail en jetant, bien entendu, toujours un oeil sur le climat mais un oeil serein, l’oeil de celui qui sait qu’il dispose désormais des moyens de remettre le temps au beau fixe s’il devait, pour une raison ou une autre, s’assombrir...

Le livre & ses auteurs